
AZTECA 2023
« Les Aztèques éprouvaient la curiosité, naturelle à tous les hommes et dans tous les temps,
de soulever le voile qui couvre le passé mystérieux et l’avenir plus terrible encore. »
William H. Prescott « Histoire de la conquête du Mexique » 1843.
S’il est une constante de l’histoire humaine, c’est bien celle d’échapper aux rigueurs du temps, et de chercher à justifier les problèmes du présent à l’aune d’une expérience personnelle de la vie. Nombreux furent les peuples qui, pour encadrer ces instincts, développèrent leurs propres visions du monde, du temps, de l’univers et de sa genèse, d’où l’importance de cycles, basés sur le jour et la nuit.
De là sont nées toutes les grandes civilisations de l’Antiquité à la Renaissance, de Babylone, la plus ancienne, à celles des amérindiens, aztèques, mayas ou incas, qui furent les dernières de cette nature à disparaître, en passant par les égyptiens, puis les grecs qui ont nourri les cultes romains de leurs divinités.
Toutes celles qui existent encore aujourd’hui, et dont la plus vieille est la tradition hébraïque, se sont bâties sur la relation de l’homme à sa conscience ou à un Dieu, et les cycles du soleil et de la lune, autrefois maîtres des esprits, sont devenus la base commune aux calendriers que partage, avec quelques variantes d’ordre religieux, l’ensemble du monde.
Ce qui est intéressant dans cette rapide exégèse, c’est de comprendre à quel point le calendrier, plus que la religion, a rythmé le cycle de l’histoire, car le calendrier ne s’arrête pas à la fixation d’une année, et les années elles-mêmes, telles que nous les connaissons, ont souvent été distordues à des fins politiques, autrefois par les prêtres comme chez les Aztèques qui avaient bâti leur calendrier spécifique pour s’approprier un mode explicatif qui les faisait craindre du peuple et des autorités. Même plus récemment dans un monde supposé rationnel, avec le calendrier républicain de l’An 1 qui tenta de mettre fin au calendrier grégorien, en s’appuyant sur un système hebdomadaire décimal pour pouvoir supprimer les nombreuses fêtes chômées de l’Ancien Régime, et remplacer le jour de repos dominical d’essence biblique par un jour de repos décadaire, tout comme les bolcheviques étaient passés à soixante-douze semaines de cinq jours !
La compréhension du monde, et pour ce qui nous préoccupe, des marchés financiers, s’est, elle aussi, nourrie de l’évolution des esprits, de ces changements de repère, mais également, il faut bien l’avouer, de cet esprit moutonnier que l’on a vu à l’œuvre sur les crypto-monnaies ou sur certaines valeurs du NASDAQ, porté par les grands prêtres de la finance moderne qui ont su profiter de taux d’intérêt réduits à zéro pour justifier de valorisations où le calendrier de retour au rendement sur investissement était relégué aux calendes grecques, et la pérennité de certaines entreprises acquises à grand frais grâce à des augmentations de capital toujours plus irréalistes, leur permettant d’acheter leurs concurrents et d’asseoir ainsi leur hégémonie.
Ce qui fait la force des précurseurs de changement de règles de valeur, pour peu qu’ils disposent des moyens propres aux institutions financières spécialisées, c’est qu’ils savent pouvoir toujours compter sur la crédulité des masses pour conforter leur domination, à des moments particuliers de l’histoire, économique en l’occurrence dans un univers de taux d’intérêts nuls, et pour profiter ainsi des engouements comme des peurs pour spéculer sur les tendances de fond, restées inchangées, tout comme l’année compte bien, malgré les esprits révolutionnaires, et quand elles ne sont pas bissextiles, 365 jours avec 52 semaines !
Cela explique, que même en ce début de XXIème siècle, la rationalité n’est toujours pas le mode explicatif de l’évolution des bourses, et que si des bulles énormes, puisqu’on parle de plusieurs milliers de milliards de dollars en l’occurrence, se forment et finissent par éclater, c’est parce qu’il est toujours plus facile de justifier ses propres erreurs de raisonnement quand on les partage avec d’autres, ce qui est si simple à l’heure des réseaux sociaux triomphants et des progrès radicaux liés aux nouvelles technologies, avec l’inconvénient majeur de nourrir à terme tous les mouvements qui ne reconnaissent pas à l’économie de marché son utilité, fusse pour accompagner les énormes besoins liés au financement des enjeux climatiques.
Certes, nous ne sommes plus à l’époque des sacrifices humains de la cité sacrée de Teotihuacan, où l’on arrachait à la chaîne par milliers le cœur d’esclaves encore vivants, voire d’enfants élevés dans le plaisir à cette fin, pour qu’ils battent encore avant d’être ingérés en laissant couler le sang sur les marches des pyramides aztèques. Mais quand on voit les charniers et la cruauté des combats qui se déroulent en Ukraine, sous l’impulsion d’une nation pourrie par la corruption de ses élites et qui s’était voulue un temps la lumière d’un monde pacifique et fraternel, on se dit qu’il n’y a pas de raison pour que la bourse ne reflète pas aussi son lot d’irrationnalité.
Pourtant, puisqu’en matière boursière, tout comme en matière de physique universelle, c’est à terme la rationalité mathématique, même distordue sous l’effet du progrès, qui finit par s’imposer, il existe une variable incontournable en ce qui concerne la finance, c’est le niveau des taux d’intérêt.
Evidemment, on s’effraie de les voir monter, en oubliant qu’ils étaient surtout anormalement bas, particulièrement dans les économies non régulées où persistent des banques centrales indépendantes qui croulent bien souvent sous le poids des dettes d’état.
C’est pourtant une indispensable variable d’ajustement qui n’empêche pas la régulation saine de l’économie, surtout quand ils restent bien inférieurs à l’inflation, car c’est en rognant sur le pouvoir d’achat de ceux qui vivent soit de pensions ou de salaires fixes, soit d’une épargne essentiellement liquide ou largement indexée sur les emprunts d’état, et qui représentent la très grande masse des citoyens d’un pays, que l’on soulage la dette.
Or, le ratio entre la valeur des entreprises par rapport à leur rendement est directement lié à cette variable, et si les bourses ont sensiblement baissé en 2022, leur niveau est historiquement bas, et il faudrait vraiment que sous le poids d’une inflation non contrôlée comme au siècle dernier, les taux d’intérêt s’envolent par rapport à leur moyenne historique pour que survienne un krach.
Il y a donc fort à parier, et le mouvement qui se dessine depuis les premiers jours de janvier semble le valider, que sans choc externe, lié par exemple à l’hubris des dirigeants autoritaires, cette régulation de l’économie par le retour à des niveaux de taux d’intérêt raisonnables permette aux entreprises de maintenir un niveau de résultat qui validera nos choix de gestion à l’abri de la finance des chamans d’aujourd’hui.
C’est dans cet esprit positif que toute notre équipe de gestion et l’ensemble des collaborateurs de notre société se joignent à moi pour que cette nouvelle année ne nous renvoie pas au temps des peurs ancestrales.
Achevé de rédiger le 12 janvier 2023
Le Président du Directoire
O. Wargny
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