« LE RIDEAU DE SILICIUM »

                                                                                                    « L’information n’est pas la vérité »

                                                                                                   In «Nexus », Yuval Noah Harari, 2024.

S ’il est un univers où cette sentence se réalise tous les jours, puisque la vérité à laquelle les professionnels sont confrontés, c’est celle de la cotation, et donc celle de la valeur retenue, c’est bien celui des marchés financiers dont l’évolution erratique a désarçonné plus d’un gérant star ou plus d’un analyste vedette depuis que ceux-ci existent. J’ajouterai même que, quelle que soit la sophistication ou la quantité d’information traitée par les outils surpuissants dont sont dotés les grandes banques d’investissements et les titanesques sociétés de gestion et autres fonds souverains qui gèrent des milliers de milliards de dollars, chaque jour apporte son lot d’incohérence sur le comportement, qui des indices, qui des taux d’intérêt, qui de la cotation des actions et de leurs dérivés.

Nous assistons depuis bien longtemps dans nos métiers, conséquence de l’universalité de l’argent comme moteur premier de l’intérêt des hommes, à cette course aux algorithmes que les meilleurs ingénieurs du monde, héritage de l’époque des golden boys, se sont évertués à développer pour prendre de vitesse les marchés et chercher à capter de la valeur dans tout mouvement provoqué par le poids, la taille, la technologie et l’internationalisation des produits financiers car ceux-ci ne sont que le reflet d’une mondialisation toujours croissante des échanges et de la production.

On pourrait donc imaginer, puisque la plupart des acteurs sont dotés d’outils d’analyse surpuissants, que le marché reflète un équilibre parfait à chaque instant et que les excès, ou au contraire, les décotes soient parfaitement justifiées ; or il n’en est rien, et plus le nombre d’acteurs capables de se doter d’outils sophistiqués se développe, plus la volatilité règne, plus elle se renforce, et plus elle pèse sur l’analyse des tendances et donc sur l’impact des algorithmes.

Dans le même temps, on observe des réflexes moutonniers sur un certain nombre de titres qui accroissent encore ce phénomène et qui se nourrissent probablement d’une quantité importante de nouvelles qui se répandent, pour le meilleur ou pour le pire, par le biais des réseaux sociaux.

Nous sommes moins que jamais dans le monde du « Buy and Hold », acheter et garder, et de plus en plus dans celui de la spéculation à court terme, que cette volatilité démultipliée sert si bien. Il n’est d’ailleurs pas inutile de rappeler que le nombre d’investisseurs particuliers n’a jamais été aussi important, et donc que leur impact sur les cours est de plus en plus fort.

 

Il n’est évidemment pas difficile d’imaginer que les conséquences de tels engouements pourraient déboucher sur une surévaluation de certains supports, et étrangement toujours les mêmes d’ailleurs, ceux qui font le buzz, et dont quelques propriétaires vedettes usent et abusent à leur profit, financier ou idéologique.

On assiste en effet sur le plan sociétal ou politique au même type de comportement qui ne manque pas de déstabiliser les esprits bien-pensants, sans que l’on sache vraiment jusqu’à quels excès cela peut mener.

La psychologie reste donc bien pour l’heure le moteur des valorisations, et ceux qui pensaient que les algorithmes de marché allaient rendre tout plus rationnel, voire conduire à une disparition du marché par annihilation des comportements contrariants, qui pourraient paradoxalement conduire aux pires excès, en sont aujourd’hui pour leur frais.

En outre, compte tenu de l’inflation et de la croissance de l’endettement, nous ne sommes plus à l’heure des taux d’intérêt négatifs; de ce fait, tout investissement subit le poids des équilibres à respecter, ce qui devrait favoriser les valeurs ou les marchés décotés, et dégonfler la spéculation, portée bien souvent par de jeunes acteurs particuliers intervenant on line sur des titres dont le rendement reste aléatoire, compte tenu des énormes investissements que nécessitent les valeurs technologiques liées au développement de l’intelligence artificielle. Ce phénomène ressemble en effet parfois à ce que l’on a connu au début du siècle avec les valeurs technologiques, mais il ne faudrait pas que se déchire le rideau de silicium !

Faisons, dès lors, le pari que cette nouvelle année permettra de remettre en lumière certaines entreprises phares du marché français qui, du fait de la faiblesse chinoise, ont subi l’année dernière beaucoup de déconvenues, renforcées malheureusement par une dissolution insensée de l’Assemblée Nationale.

Nous allons donc vivre une année particulièrement riche en suspens, en espérant qu’elle marquera le retour à la sérénité, afin qu’elle vous apporte, à vous-même et à vos proches, le meilleur pour 2025.

 

Achevé de rédiger le 10 janvier 2025

Le Président du Directoire

O. Wargny

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